« Le secteur de la santé doit accélérer encore le passage à l’ambulatoire pour les interventions chirurgicales. » C’est ce qu’a souligné le conseiller d’État Pierre Alain Schnegg, directeur de la santé, des affaires sociales et de l’intégration, lors de la conférence de presse annuelle de la Direction de la santé, des affaires sociales et de l’intégration (DSSI). « Selon nos estimations, 20 à 30 % des patientes et patients seront opérés en ambulatoire ou recevront des soins hospitaliers à domicile d’ici 15 ans », a expliqué le directeur de la santé. Il faudra bien anticiper la planification et les ajustements du système pour éviter les surcapacités hospitalières à l’avenir. Entre 2020 et 2024, la durée moyenne des séjours à l’hôpital a baissé, passant de 5 à 4,7 jours en cinq ans. Les mesures évoquées sont urgentes également pour faire face à la pénurie de personnel qualifié : des postes plus attrayants pourraient ainsi être proposés au personnel, par exemple dans des centres ambulatoires. « Je suis conscient que cette adaptation stratégique n’est pas simple à mettre en œuvre pour les hôpitaux, compte tenu des problèmes de financement qu’ils rencontrent par ailleurs. Mais nous devons négocier ce virage avant que les changements démographiques ne se fassent ressentir sur les infrastructures et les capacités du système de santé et des soins », a relevé Pierre Alain Schnegg. Les prestations hospitalières à domicile constituent une offre innovante, qu’il faut incorporer dans le dispositif de soins intégrés. Cette nouvelle offre, qui est d’ores et déjà proposée par le Réseau de l’Arc, est appelée à s’étendre.
Concernant l’aide sociale, le conseiller d’État a indiqué que les bases légales requises pour moderniser le système bernois étaient en cours de mise en place dans la loi sur l’aide sociale (LASoc). Cette loi fait actuellement l’objet d’une révision totale visant à renforcer le partenariat entre les communes et le canton ainsi qu’à harmoniser la coopération entre les parties prenantes. Le projet repose sur trois piliers : le nouveau système de gestion des cas, le service Révision de l’aide sociale ainsi que l’introduction d’un modèle de franchise. En revanche, les principes de calcul de l’aide matérielle individuelle ne changeront pas. Au cours des derniers mois, la révision de la LASoc a fait l’objet d’une collaboration étroite et constructive entre la DSSI, la Conférence bernoise d’aide sociale et de protection de l’enfant et de l’adulte et l’Association des communes bernoises.
Hôpitaux répertoriés et fusion SPU/CPM
La rentabilité des hôpitaux publics était déjà au centre des discussions en 2020. À l’époque, certains de ces établissements présentaient un risque latent d’insolvabilité. Si leur dotation en fonds propres était jugée stable, certains facteurs, comme la forte proportion de soins de base prodigués à l’hôpital et la faible proportion de patientes et patients ayant une assurance complémentaire, exerçaient une pression croissante sur leurs finances. Cette situation était également due au développement des soins ambulatoires et à la forte mobilisation des services d’urgence. Elle a encore été aggravée par la hausse des coûts, notamment pour le personnel et les dispositifs médicaux, qui s’était répercutée après coup sur les tarifs, ainsi que par la pénurie de personnel qualifié. Dans ce contexte, la DSSI a sollicité au printemps 2024 un crédit de 100 millions de francs destiné à assurer aux hôpitaux des liquidités suffisantes au moyen de prêts et de cautionnements. Sa demande a été acceptée par le Grand Conseil lors de la session d’été 2024. Pour 2024, la DSSI s’attend globalement à une légère amélioration des résultats par rapport à 2023.
Le projet de fusion entre les sociétés Services psychiatriques universitaires SA et Centre psychiatrique Münsingen SA suit son cours. Les deux établissements ont approuvé un nouveau concept fondé sur la méthode « design to cost ». À l’automne 2024, ils ont lancé une étude de faisabilité concernant notamment les offres, les sites et les infrastructures. L’objectif est de présenter les résultats à la DSSI avant la fin du premier trimestre 2025 afin que le Conseil-exécutif puis le Grand Conseil puissent statuer sur la fusion et le financement de ses coûts avant la fin de l’année.
La DSSI poursuit ses travaux pour réorganiser les régions de soins selon le modèle régional 4+ et encourager les soins intégrés. Par ailleurs, elle s’emploie à moderniser les conditions régissant le service médical scolaire en adaptant l’ordonnance correspondante, qui date de 1994, aux changements sociétaux et à la pénurie de personnel qualifié.
Domaine de l’asile et statut de protection S
La situation s’est légèrement améliorée dans le domaine de l’asile, mais elle reste incertaine et imprévisible. Le canton de Berne compte aujourd’hui 48 hébergements collectifs, soit près de quatre fois plus qu’il y a quatre ans. Le nombre actuellement suffisant de places d’hébergement dans ces centres permet d’amortir les éventuels changements de situation. En 2024, le canton a pu réaliser de nouvelles grandes structures adaptées à l’accueil de personnes requérant l’asile et de personnes réfugiées, notamment à Douanne et à Grosshöchstetten. Le travail accompli dans l’ancien hôpital de Tiefenau mérite une mention particulière : l’un des plus grands hébergements collectifs de Suisse y a été aménagé et mis en service en neuf mois seulement. Toutes les installations souterraines que la DSSI a exploitées dans le canton de Berne ont pu être fermées à l’automne.
Actuellement, le canton de Berne accueille quelque 9200 Ukrainiennes et Ukrainiens. Ces personnes sont tiraillées entre la perspective d’un retour et celle d’une intégration en Suisse car la situation n’a pas encore été clarifiée pour le statut S. Près d’un tiers des personnes aptes à travailler qui bénéficient de ce statut exercent aujourd’hui une activité lucrative dans le canton de Berne. Cette proportion est légèrement supérieure à la moyenne suisse.
LPHand en vigueur depuis un an
La loi sur les prestations de soutien aux personnes en situation de handicap (LPHand) est entrée en vigueur le 1er janvier 2024. En plus de permettre à ces personnes de mener une vie plus autonome, la loi comble certaines lacunes et garantit un financement efficace des prestations d’assistance. Les prestations sont versées selon le principe de subsidiarité : le canton complète les prestations de la Confédération, qui détient la compétence légale dans ce domaine. Or, la mise en pratique de ce principe pose problème. La DSSI a donc déployé une task force à la mi-2024 pour clarifier les questions qui se posent lors de la mise en œuvre et les processus associés, en concertation avec les fournisseurs de prestations.
Transition numérique dans la santé et l’action sociale
La DSSI poursuit sa transformation numérique. Quelques projets ont à nouveau pu être menés à terme l’année passée, comme celui visant à consigner électroniquement les interventions de sauvetage. Le processus est désormais entièrement numérique, de la réception de l’appel d’urgence au décompte en passant par l’intervention en elle-même.
Un autre projet concerne la réutilisation des données de vaccination contenues dans VacMe. Pendant la pandémie de coronavirus, quelque 800 000 personnes ont été vaccinées contre le COVID-19 dans le canton de Berne. Début 2024, la DSSI s’est fixé pour objectif de transférer ces données de VacMe vers le dossier électronique du patient. Le but est d’une part de promouvoir l’ouverture de dossiers électroniques auprès de la population et, d’autre part, d’utiliser ceux-ci pour stocker les données personnelles de vaccination.
En Suisse, la loi sur les épidémies prévoit que 56 maladies infectieuses doivent être déclarées à la Confédération et aux cantons afin de protéger efficacement la santé publique en détectant et en endiguant rapidement les épidémies. La DSSI a lancé un projet visant à numériser les processus de déclaration des différentes maladies et, dans la mesure du possible, à les automatiser. La première étape de la réalisation de ce projet a été bouclée. Elle portait sur la déclaration de la maladie par les laboratoires et les médecins, la déclaration à l’Office fédéral de la santé publique ainsi que les interactions avec les patientes et patients. La deuxième étape prévoit un traçage des contacts pour faciliter la mise en œuvre de l’obligation de déclarer et la prise de mesures pour lutter contre les maladies infectieuses épidémiques et pandémiques.
La DSSI entend mettre à profit les technologies d’avenir. Cette année, elle compilera ses premières expériences avec les applications basées sur l’intelligence artificielle (IA). Dans le cadre de projets pilotes en cours, l’IA générative est utilisée pour extraire des données de différentes sources afin, par exemple, de rédiger des analyses ou des ébauches de texte. La DSSI espère obtenir d’importants gains d’efficacité dans les tâches administratives grâce aux applications d’IA.